Mort du Prince Impérial

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1er juin 1879,

âgé de 23 ans, le jeune Prince Impérial meurt.

Fils unique de Napoléon III et d’Eugénie de Montijo, il était en exil, avec ses parents, en Angleterre depuis la défaite de Sedan en 1870.

Sorti avec le grade de lieutenant en janvier 1875, de l’Académie Militaire de Woolwich, il s’engagea dans l’armée de la Reine Victoria.

En Afrique du Sud, le 22 janvier 1879, les Zoulous attaquèrent et tuèrent huit cents soldats et trente officiers de l’armée britannique.

L’envoi de troupes pour une expédition punitive fut décidé,  les engagements de volontaires et de jeunes officiers se multiplièrent.

Voulant faire la preuve de sa valeur militaire et démontrer qu’il était le digne héritier des Bonaparte, le jeune Prince partit lui aussi combattre les Zoulous.

Le dimanche 1er juin, à huit heures, Louis Napoléon part avec quelques hommes en mission de reconnaissance vers le campement du roi zoulou Cetawayo. Faisant halte près d’un fortin, la petite troupe est bientôt assaillie par des dizaines d’ennemis.

Deux soldats anglais furent tués et les autres prirent la fuite, tandis que le prince tenta vainement de monter sur son cheval lancé dans une course folle.

La selle qu’il conserva pour des raisons sentimentales – elle appartenait à son père Napoléon III – était usagée.

Cramponné aux courroies de l’étrier, le prince courut aux côtés de son cheval. Il redoubla d’efforts pour monter sur la selle, quand céda la sous-ventrière.

Le cheval s’enfuit et le prince impérial se trouva alors seul face à une horde de Zoulous menaçants.

Pendant  les quelques minutes de lutte à mort, seul contre les zoulous, le Prince Impérial reçut 17 blessures, toutes de face.

Il s’écroula, mort.

La France venait de perdre l’héritier de la dynastie napoléonienne.

Les Zoulous dépouilleront le corps du Prince de ses vêtements, ne lui laissant que le médaillon d’or qu’il portait au cou et qui contenait le portrait de l’impératrice Eugénie.

Le corps du Prince impérial fut ramené en bateau en Angleterre et débarqué le 11 juillet à Woolwich. Transporté à Camden Place où seront célébrées des obsèques militaires solennelles auxquelles la reine Victoria assista.

Le prince repose aujourd’hui à l’abbaye de Farnborough, auprès de ses parents, l’empereur Napoléon III mort en 1873 et l’impératrice Eugénie, morte à Madrid en 1920.

C’est l’impératrice elle-même qui fit édifier ce monument funéraire, réalisé par l’architecte Gabriel Destailleur de 1883 à 1888.

Cette sépulture n’est que partiellement conforme aux dernières volontés du Prince Impérial, exprimées dans le testament qu’il rédigea le 26 février 1879, avant de s’embarquer pour l’Afrique du Sud :

« Je désire que mon corps soit déposé auprès de celui de mon père, en attendant qu’on les transporte tous deux là où repose le fondateur de notre Maison, au milieu de ce peuple français que nous avons, comme lui, bien aimé. »

Aujourd’hui encore, le transfert des corps de la famille Impériale sous la coupole des Invalides n’est toujours pas à l’ordre du jour malheureusement.

Un mémorial du prince impérial Louis Napoléon existe toujours au cœur du Zoulouland.

La mort du Prince plongea Eugénie dans une profonde solitude.

Elle survivra 41 longues années après sa mort.

Le Prince Impérial avait pour ambition d’être l’Empereur des Français, il restera à jamais un Prince Impérial.

Fanny Idoux

Naissance d’Eugénie de Montijo.

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María Eugenia Ignacia Agustina de Palafox-Portocarrero de Guzmán y Kirkpatrick, Marquise d’Ardales, Marquise de Moya, Comtesse de Teba, Comtesse de Montijo dite Eugénie de Montijo, naît le 5 mai 1826.

Sa mère,  Maria Manuella Kirkpatrick, 1794 / 1879) est la fille d’un expatrié écossais William Kirkpatrick qui devint Consul des Etats Unis à Malaga.

Son père, Don Cipriano de Palafox (1784 / 1839) était un noble espagnol.  fait Grand d’Espagne, c’est un « afrancesado », c’est-à-dire qu’il a épousé la cause napoléonienne durant le Premier Empire et élevé ses enfants dans le culte napoléonien.

Quelques jours avant la naissance d’Eugénie, la ville de Grenade fut secouée par un tremblement de terre. Tous les habitants alarmés couchèrent à la belle étoile et c’est sous une tente que la mère d’Eugénie accoucha.

Eugénie a une sœur  d’un an son aînée, María Francisca  (1825-1860), généralement connue sous le nom de « Paca »,  qui épousa, en 1849, Jacobo Fitz-James Stuart, duc d’Alba. Elle mourut à l’âge de 35 ans laissant 3 enfants dont Eugénie s’occupera beaucoup.

En Espagne, à la mort de Ferdinand VII

 le 29 septembre 1833, sa fille Isabelle, qui n’a pas encore trois ans, est proclamée reine sous le nom d’Isabelle II.

Il s’ensuit une guerre civile entre les partisans de la jeune reine et les carlistes (conservateurs) qui refusaient qu’une femme accède au trône revendiquant celui-ci pour la branche aînée des Bourbons d’Espagne.

Les carlistes sont à l’origine de trois guerres civiles qui déchirèrent le XIXe siècle espagnol et marquèrent profondément le pays. C’est lors de la première guerre civile (1833 – 1840), que le père d’Eugénie envoie, en 1834,  sa femme et ses deux filles en France où il a quelques amis dont Prosper Mérimée et Stendhal.

A Paris, au couvent du Sacré-Cœur, elles reçurent une éducation traditionnelle de l’aristocratie catholique de l’époque. Stendhal leur enseigna l’histoire, Mérimée le français.

Le 31 décembre 1849, elle fit la connaissance de Louis Napoléon Bonaparte dans l’hôtel particulier deMathilde Bonaparte qui avait placé Eugénie aux côtés de son cousin, le futur Empereur. Dès leur rencontre celui qui n’est alors que « le Prince Président » est séduit.

Elle épousa Napoléon III le 29 janvier 1853, il a 45 ans, elle 23.

Eugénie est née un 5 mai, le même jour que le décès de Napoléon Bonaparte en 1821. Elle dira au soir de sa vie, « qu’auraient pensé les anciens d’un tel présage » ! Eugénie sera la dernière Impératrice des français.

Ayant survécu près d’un demi-siècle à son mari et à son fils unique, elle mourut le 11 juillet 1920 , à l’âge 94 ans au Palais de Liria à Madrid, résidence de son neveu le Duc d’Albe XVI.

L’histoire du tableau: Eugénie et ses Dames d’Honneur

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Le tableau fut commandé par l’impératrice Eugénie à Franz Xaver Winterhalter pour être exposé dès le 1er mai  à  l’exposition universelle de 1855, première grande manifestation officielle du régime impérial et étape décisive vers sa reconnaissance internationale.

Franz Xaver Winterhalter (1805 – 1873) fut d’abord le peintre de Louis-Philippe puis de la reine Victoria. Il devint au fil des années celui de toutes les têtes couronnées d’Europe. Eugénie, dont il fit en tout huit portraits, fut son principal portraitiste, elle le récompensa de la Légion d’Honneur en 1857.

En dépit du mépris par les critiques d’art, le tableau connut un énorme succès populaire, jamais démenti depuis lors.

Lors de la première exquise réalisée par le peintre, les dames d’honneur sont au nombre de neuf. Cependant, la septième dame du palais, Léonie Bugeaud de la Piconerie d’Isly, Comtesse de Feray démissionna en janvier 1855 disparaissant du tableau.

Les deux dames les plus importantes de sa suite:

Princesse d’Essling (1802 – 1887) Anne Debelle, épouse François Victor de Masséna, Duc de Rivoli, 3ème Prince d’Essling. Elle fut la Grande maîtresse de la Maison de l’impératrice.

Duchesse de Bassano (1814 – 1867), Epouse Napoléon Joseph Hugues, Comte Maret, Duc de Bassano. Elle fut sa dame d’honneur.

Les Dames du Palais:

–  Baronne de Pierres (1821 – 1873), Jane Mary Thorn (fille d’un milliardaire américain, le colonel Thorn) Epouse Stéphane de Pierres.

Vicomtesse de Lesay Marnésia (1826 1891), Louise Poitelin de la Tarde, ,épouse Albert Antoine Joseph, Vicomte puis Comte de Lezay Marnésia.

Comtesse de Montebello (1826 – 1870),  épouse Gustave Olivier Lannes ,Comte de Montebello. Grande amie de la duchesse d’Albe, sœur de l‘Impératrice.

Baronne de Malaret (1827 – 1910), Nathalie de Ségur, (fille de la célèbre comtesse de Ségur). Epouse du Baron Paul Martin d’Aigues-Vives de Malaret.

Marquise de Las Marismas (1817 – 1905), Claire Emilie Mac Donell, (fille d’un consul anglais) Épouse d’Alexandre Aguado Moreno.

Marquise de Latour Maubourg (1829 – 1900), Anne Eve Eugénie Mortier de Trévise , épouse de César Florimond de Latourg Maubourg, Marquis de Fay.

Il était rare que l’ensemble des dames d’honneur de l’Impératrice soient rassemblées, car elles ne résidaient pas au Palais des Tuileries. Une voiture de la cour les cherchait à leurs domiciles pour les conduire au Palais. Une fois leurs tâches accomplies, elles étaient raccompagnées à leur domicile.

Le tableau haut de 3 mètres et large de 4m20, fut la propriété personnelle d’Eugénie.  Après sa mort, il sera vendu en 1927 à la baronne d’Alexandre d’Orengiani qui l’offre au château de la Malmaison, où il sera conservé quelque temps avant d’être cédé au Palais de Compiègne où vous pouvez toujours l’admirer.

Virginia Oldoïni, comtesse de Castiglione

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De la Toscane, où naquit le 22 mars 1837,  Virginia Oldoïni, devenue comtesse de Castiglione par son mariage, jusqu’au sordide appar­tement de la rue Cambon, à Paris, où elle mourut aux côtés des dépouilles empaillées de ses chiens. Voici la  première partie:  sa gloire à Paris.

Début janvier 1856,  la comtesse de Castiglione arrive à Paris . Elle est mariée depuis 2 ans, avec le comte Francesco Verasis de Castiglione,

Ils s’installèrent au 10 rue de Castiglione, rue honorant la victoire remportée par le Général Bonaparte sur les Autrichiens le 5 août 1796 à Castiglione delle Stiviere.

En ce soir du 9 janvier 1856, elle a 18 ans,  elle fit son entrée dans le monde parisien lors d’un bal chez la princesse Mathilde, cousine de l’empereur, qu’elle avait déjà rencontrée chez son grand père  à Florence, lors de l’exil imposé à la famille Bonaparte.

Ce soir là, elle fut présentée à Napoléon III et à l’impératrice Eugénie.

Leur deuxième rencontre sera brève. Invitée chez le roi Jérôme, le plus jeune frère de Bonaparte. elle arrive au bal au moment où napoléon part . Ils se croisèrent dans l’escalier.

Napoléon III lui dit: « vous arrivez bien tard? »,

ce à quoi elle répondit: « c’est vous, Sire, qui partez bien tôt ».

Le 29 janvier 1856, elle fut à nouveau invitée au palais des Tuileries, à un bal offert par l’Empereur. Parmi les 6 000 invités, elle y fut très remarquée.

Dès ses débuts aux Tuileries, elle manifeste la volonté de se démarquer par ses toilettes,  sa coiffure, son caractère, elle ne laisse personne indifférent. 

Elle attise la curiosité, le désir de beaucoup d’hommes et la jalousie qu’elle suscite auprès des femmes est une consécration pour elle.

Rodée à la manœuvre de courtisane (elle a déjà eu plusieurs amants) grâce à son charme et à son extraordinaire beauté, elle va bientôt conquérir Napoléon III et deviendra très vite sa maîtresse.

Son costume resté le plus célèbre est celui de « Dame de cœur » qu’elle porte pour un bal au ministère des Affaires étrangères en février 1857. Sa robe en organdi transparent laisse deviner ses formes : un cœur, placé à un endroit équivoque, souligne son sexe. L’impératrice, devant ce spectacle, lâchera, sèchement : « le cœur est un peu bas, Comtesse  ».

L’histoire raconte qu’elle fut envoyée par Cavour pour convaincre l’Empereur d’intervenir pour l’unification de l’Italie.

Si cette mission politique et diplomatique lui fut confiée, ce n’est aucunement sur son intervention que Napoléon III se décide à intervenir.

C’est l’attentat d’Orsini, survenu en janvier 1858, en effet, Orsini écrivit à l’Empereur avant de passer à l’échafaud et c’est cette lettre qui décide l’empereur de passer à l’action. Napoléon III aimait certes, les femmes, mais ne se laissait nullement manipuler par celles-ci dès qu’il s’agissait de politique.

Napoléon III la couvrit de bijoux, deux années de relations tumultueuses suivirent. Mais Virginia commit l’erreur avec son manque de discrétion de s’afficher comme la favorite de l’empereur.

Eugénie obtint de Napoléon III qu’il renvoie la jeune femme de la cour en avril 1858, elle reviendra à Paris, en 1861.

Pendant 40 ans, la Castiglione va réaliser avec l’aide de Pierre-Louis Pierson, photographe,  près de 500 clichés d’elle-même, malgré la perte de ses dents et de ses cheveux. La Castiglione exhiba sa déchéance et la théâtralisa.

Cela fera l’objet d’un autre article.