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Cela s’est passé un 10 mars en 1850… une histoire peu banale…
En 1850, le 10 mars, naissait le peintre, Adolphe Steinheil…
Son père Auguste Steinheil, peintre également, le décrit comme « timide, effacé mais sérieux, travailleur, ajoutant: sans personnalité, et sans beaucoup de talent ». Adolphe gagnait sa vie en réalisant des miniatures, ainsi qu’en restaurant des vitraux dans les églises.
La vie de ce peintre aurait pu être des plus banales, mais deux histoires dignes d’un roman policier à l’Agatha Christie, fit les unes des journaux. Trois protagonistes :
Félix Faure – Président de la République de l’époque, Marguerite Japy dit Meg qui deviendra l’épouse du peintre, Adolphe Steinheil, rendu célèbre par la vie débridée de sa femme.
Marguerite, née le 16 avril 1869, appartenait à une riche et puissante famille dont la fortune venait des activités industrielles Japy, les célèbres machines à écrire. Marguerite, depuis ses 15 ans, fricotait avec les garçons de sa région, faisant la honte de sa famille. Elle fut envoyée par son père Edouard Japy, chez sa sœur Madame Herr. qui habitait Bayonne. C’est dans cette ville qu’Auguste Steinheil, restaurant les vitraux d’une église, fit la connaissance de Marguerite Japy, elle a 19 ans.
Le charme opère un peu entre eux et le mariage fut célébré le 9 juillet 1889. Elle a 20 ans, il en a 40.
Ils habitèrent dans une coquette villa enfouie parmi les arbres et les fleurs, au 6 bis de l’impasse Ronsin, rue de Vaugirard, dans le 15ème arrondissement de Paris.
Après la naissance de leur fille Marthe, le 25 juin 1891, le couple bat de l’aile, s’ils ne
voulurent pas divorcer, Marguerite et Adolphe vécurent en « bonne intelligence », mais sans intimité.
Marguerite est belle, éblouissante, raffinée, et irrésistible. Elle a étudié le violon et le piano, elle monte à cheval. Elle tient salon et toute la bonne société, Charles Gounod, Ferdinand Lesseps, René Lalique, Jules Massenet, François Coppée, Emile Zola, Pierre Loti, le Prince de Galles, s’empressait autour de cette femme séduisante.
C’est en 1897, à Chamonix, que Marguerite rencontra Félix Faure, alors Président de la République. Elle devint rapidement sa maîtresse. Cette relation dura deux années. L’arrivée de Félix Faure vaut à Adolphe des commandes de tableaux, chacun y trouva son compte.
A 22h00, le 26 février 1899, arrive ’inconcevable, Félix Faure est retrouvé mourant dans le salon bleu du Palais de l’Elysée. Marguerite est à ses côtés, les cheveux en bataille. Il meurt d’une hémorragie cérébrale survenue lors d’une fellation pratiquée par Marguerite Steinheil.
L’Etat essaya d’étouffer l’affaire, en vain. Ce fait-divers rendra encore plus célèbre Marguerite.
Elle vit venir de nouveaux prétendants, le ministre Aristide Briand, le roi du Cambodge ou encore l’industriel Maurice Borderel, et d’autres… Certains hommes vinrent aux expositions
pour espérer rencontrer l’épouse de l’artiste…
Marguerite aurait pu continuer à vivre une existence de demi-mondaine très bien entretenue,
sauf que, 10 ans plus tard….Deuxième épisode : quatre protagonistes : Marguerite, sa mère, son mari et les « voleurs ».
Nous sommes le 31 mai 1908, le valet de la famille arrive comme chaque matin et découvre : Dans une chambre, Adolphe Steinheil, mort, couché sur le dos, les jambes repliées sous lui, les mains jointes sur le ventre, le cou serré par six tours de corde. Dans une autre chambre, la mère de Marguerite, morte, elle était étendue sur le dos, en chemise, les jambes nues pendant hors du lit, étranglée, elle aussi. L’on retrouva ligotée et bâillonnée Marguerite qui a miraculeusement survécu.
L’hôtel particulier du couple a été dévalisé. Marguerite explique aux policiers avoir été attachée par trois hommes barbus en habits noirs et une femme rousse. Il manquerait selon Marguerite, 7 000 francs et des bijoux.Voilà comment débute l’affaire Steinheil appelée aussi L’Affaire de l’Impasse Ronsin.
Marguerite joue les veuves éplorées, mais personne ne crut en son histoire car durant l’enquête, elle ne cessa de varier dans ses versions, accusant sans cesse une personne à la place d’une autre.
Le juge d’instruction, M. Leydet, ordonne le 4 novembre 1908, qu’elle soit arrêtée et incarcérée à la prison Saint-Lazare, inculpée de complicité d’assassinat de son mari et de sa mère.
Un an plus tard, le 3 novembre 1909, le procès s’ouvre. Il fut très médiatisé. Le 14 novembre, après 5 jours d’audience, à la suite d’une plaidoirie de son avocat de plus de sept heures et faute de preuves tangibles, Marguerite est acquittée, sous les applaudissements, bien que le juge ait qualifié son discours de « tissu de mensonges ».
Elle partit vivre à Londres sous le nom de Madame de Serignac. Elle publia ses mémoires sans pour autant donner des informations sur le double crime. En 1917, elle fit un nouveau très beau mariage, elle devint lady en épousant lord Robert Abinger. Veuve en 1927, Marguerite meurt en 1854, à l’âge de 85 ans.
Elle s’est éteinte en paisible et fortunée retraitée britannique.
De cette affaire non élucidée, Pierre Dumayet, émet, avec d’autres journalistes, l’hypothèse selon laquelle la mère de Marguerite serait morte de peur à la vue d’un amant étranglant son gendre.Le meurtrier serait le Grand-Duc de Russie, l’affaire aurait été étouffée par le préfet de police Lépine, sur ordre du ministre de l’Intérieur Georges Clemenceau.
Pierre Dumayet : animateur de l’ORTF : En votre âme et conscience, émission de télévision judiciaire.